Le constat est saisissant. La Suisse serait-elle sous le joug d’un défi à multiples facettes ? Tandis que le nombre moyen de ménages s’amenuise, la demande du nombre de logements connaît une expansion sans pareil.
La dualité est présente et reflète avec elle, un risque de pénurie de logements en Suisse ou du moins, un renforcement.
Si l’on ajoute à cela l’effet du vieillissement démographique et celui de l’individualisation, on commence aisément à deviner les lignes fondatrices d’une nouvelle fragmentation de la population… et des conséquences à venir.
Par ailleurs, on définit le processus d’individualisation par la capacité de l’individu à devenir maître de ses choix et ceci, sans tenir compte des prérogatives morales ou sociales auxquelles il croirait se substituer. Exemple : la préservation de son ménage.
L’individualisation : effet de mode ou de tendance ?
L’espérance de vie augmente. Bonne nouvelle !
Celle-ci provoque un remodelage des pensées sociétales et des habitudes de vie.
Oui, les Suisses préféreraient vivre seuls. La cause serait due à l’accroissement du nombre de séparations et de divorces, responsables de la réduction de la moyenne des ménages. Mais ce n’est pas tout, les mono-foyers ont le vent en poupe. L’OFS le confirme :
- Les jeunes adultes en âge d’accéder à un logement,
- Les personnes en couple, mais ne désirent pas s’installer en ménage,
- Le phénomène des appartements relais.
Par conséquent, le nombre de ménages en Suisse d’une seule personne est celui qui augmente le plus.
Une donnée frappante qui vient remplacer le phénomène de l’immigration en première ligne, comme le souligne Raiffeisen.
La fragmentation des ménages redessine le paysage immobilier
Les nouveaux appartements de l’immobilier locatif sont toujours de plus en plus petits ou alors… considérez que la donne a changé.
En effet, les logements rétrécissent, car les espaces de circulation sont optimisés pour répondre à de nombreux besoins des habitants. Les pièces à vivre ont plus de valeur, d’un point de vue pratique par exemple pour corréler avec le télétravail.
La réduction de la taille moyenne des appartements en Suisse, a atteint son sommet en 2005. Ceci s’expliquait par la proportion des petits logements liés aux nouvelles constructions.
Malgré l’effort de densification et la baisse moyenne des ménages, on assiste à deux systèmes de pensée opposés (les constructeurs et les ménages). Le premier optimise le sol, tandis que l’autre le délaisse au profit d’un agencement plus pratique.
Quand on sait que l’activité de construction est faible, le risque de pénurie de logements en Suisse ne fait désormais plus office d’hypothèse.
L’impact énergétique au cœur des foyers
Selon la dernière édition d’Immo Monitoring, l’évolution des ménages passerait de 50 000 à 55 000 par an.
À l’opposé, l’augmentation du nombre de logements en 2023 est estimée à 46 000.
En outre, plus le nombre de ménages réduit, plus la demande de logements augmente.
Problème : Il faut réduire l’impact énergétique des foyers d’ici à 2050.
L’EFPL souligne l’objectif de réduire la surface habitable par personne. Cependant, la surface moyenne par habitant a augmenté de 36 % entre 1980 et 2020.
Certes, les appartements sont plus petits, mais ils disposent de plus grands volumes. Entre 1980 et 2020, la population a augmenté de 37 % alors que la surface totale des logements a augmenté de 87 %.
L’optimisation des espaces n’est donc pas adaptée au défi énergétique.
Les multiples facettes d’une pénurie de logements annoncés sont maintenant identifiées. Il s’agit de trouver un compromis entre l’évolution des comportements, l’augmentation démographique et l’urgence écologique.
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